Arrivée assez peu fracassante

Alban avait finalement trouvé sa chambre. La G4, lui avait-on dit. Ici, les chambres étaient occupées par deux personnes. Cela passait encore. D'autant plus qu'apparemment, il ne s'agissait pas de simples chambres, mais presque de petits appartements. Il y avait une petite pièce commune et deux chambres. Tant mieux. Il pourrait rester seul au maximum. En particulier si son colocataire aimait à organiser des soirées. Il était hors de question qu'Alban y participe. Ou alors, avec une bonne dose de drogue... Mais il ne fallait pas non plus que son état se voie. La drogue, c'était interdit. Normal. Donc le plus simple était sans doute, comme toujours, de se montrer aussi antipathique que possible. Le jeune homme se débrouillait très bien pour cela. A la perfection.
Alban était toujours dans le couloir, hésitant à ouvrir la porte. Il appréhendait le moment où il rencontrerait celui avec lequel il allait devoir partager son espace. Pourtant, il ne pouvait pas rester là éternellement. Il devait rentrer. Regardant autour de lui, le jeune homme remarqua qu'il était seul. Il sortit alors son enveloppe dans laquelle était rangée la drogue. Il en prit une infime quantité. Cela ne se verrait pas. Il serait juste... Plus détendu. Alban rangea l'enveloppe puis inspira un grand coup. L'effet se fit sentir immédiatement, comme toujours. Alban se sentait un peu mieux. Il poussa enfin la porte, sans un bruit, et entra lentement, son sac de voyage à la main.

Jérémy était allongé sur son lit, songeur, écoutant de la musique plutôt douce. Il essaya de prendre un livre mais le reposa aussitôt sur sa table de chevet, ne parvenant pas à se concentrer sur sa lecture. Il tenta de griffoner quelques lignes sans plus de succès. Il finit par renoncer à toute activité et se contenta de rester étendu sur son lit et d'attendre que le temps passe en laissant son esprit divaguer. Le sentiment d'une présence dans la pièce l'arracha soudain à ses pensées. Il tourna lentement la tête vers la porte et aperçu un jeune homme portant un sac de voyage. Il se demanda qui cela pouvait bien être et songea alors qu'il n'avait pas encore de colocataire, peut-être que c'était cet élève-là. Il fit un signe de tête dans sa direction en souriant.

"Salut! Tu es mon colocataire?"

Alban vit soudain qu'il n'était pas seul. Il fut quelque peu déçu, mais après tout, c'était assez normal. Et puis, il fallait bien qu'il rencontre son colocataire, à un moment où l'autre. Le jeune homme fut un peu décontenancé par l'air enjoué de l'étudiant qui se trouvait dans la pièce. Au fond, peut-être ferait-il mieux de se montrer aimable... Mais il fallait qu'on le laisse en paix, qu'on ne lui pose pas trop de question. Il fallait qu'on le laisser gérer sa vie comme il l'entendait. Les gens étaient trop curieux, trop condescendants. Cela le rendait malade. Mais d'un autre côté, il ne pouvait pas se montrer trop antipathique. Il allait partager son appartement avec cet étudiant, mieux valait qu'il n'y ait pas trop de haine entre eux. Aussi prit-il le parti de se montrer... neutre. Il fallait qu'il demeure un inconnu pour son colocataire. Leur relation devait se cantonner à un "bonjour" le matin, à un "salut" lorsqu'ils allaient se croiser. Alban espérait que cela allait marcher.
Le jeune homme prit donc un ton neutre, légèrement froid, mais sans animosité, essayant d'écourter au maximum la conversation :

- Salut. Je suppose que oui.

Il fit une pause et poursuivit, du même ton, peut-être légèrement plus aimable :

- Laquelle est ma chambre ?

Jérémy fut surpris que le jeune homme réagisse d'une telle manière à son accueil plutôt agréable à son avis. Il fronça un sourcil devant le ton froid de son colocataire mais ne le releva pas. Il poursuivit également avec le même air chaleureux, se levant et tendant la main au nouvel élève.

"Moi c'est Jérémy, et toi?"

Il regarda l'appartement autour de lui.

"Bah, j'ai commencé à m'installer dans cette chambre, mais si tu la veux, pas de problème, je changerais, c'est toi qui vois où tu veux aller..."

Alban ne savait plus où se mettre. Il était aisé de conserver un ton froid et distant envers quelqu'un qui se vexait ou qui écourtait la conversation. Mais comment réagir face à une personne qui demeurait chaleureuse et aimable ? Le jeune homme n'était malheureusement pas un spécialiste des relations humaines. Il parvenait généralement à rester à l'écart des autres et à ne pas trop attirer l'attention sur lui, mais il y avait des fois où il ne savait pas comment réagir. Comme en cet instant, par exemple. La drogue n'était pas suffisante pour effacer la gène et la honte. Et le jeune homme avait honte de son comportement, honte de sa peur des autres, honte de sa solitude même. Sentant ses joues s'empourprer, Alban baissa les yeux et bredouilla :

- Euh... Moi, c'est... Alban.

Son ton n'était plus aussi désagréable qu'auparavant. Il était plutôt misérable, à présent. Du haut de son mètre 87, il avait quelque chose d'un enfant perdu. Mais il se reprit. Il devait se montrer fort. Parce qu'il était trop lâche pour changer, pour apprendre à supporter le monde. Parce qu'il avait peur de l'avenir comme des gens. Le jeune homme fit naître sur son visage un masque de froideur, avant de répondre :

- Non, c'est bon. Je prends l'autre.

Puis il commença à s'éloigner vers sa chambre, décidé à prendre un peu plus de drogue. La rencontre s'était passée plus mal qu'il ne l'avait prévu. Il se sentait moite et tremblant. Il avait mal au crâne. Et la pièce n'allait pas tarder à tourner, s'il ne s'éloignait pas.

[HRP : Mon personnage commence à s'éloigner, mais ça ne t'empêche pas de continuer la conversation, hein Wink

]

Ce qui était visiblement une froideur apparente abandonna totalement et momentanément l'étrange colocataire de Jérémy et celui-ci lui apparut presque gêné et timide. Cette réaction inattendue décontenenca le jeune homme qui en venait à se demander si c'était lui qui avait pu mettre Alban mal à l'aise. Ne sachant trop comme réagir, il resta finalement naturel et conserva son sourire chaleureux.

"Enchanté, Alban!"

D'une façon soudaine et incompréhensible, l'attitude d'Alban redevint la même qu'au premier échange et il s'éloigna vers sa chambre, ne semblant plus prêter attention à Jérémy.

Il ajouta, afin de clore la discussion, comme le souhaitait visiblement son colacataire, tout en restant poli et avenant:

"Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite surtout pas à me le demander!"

Alban se retourna alors qu'il était presque arrivé à sa porte, pour répondre, assez froidement :

- Ouais, ok. Merci.

Puis il se détourna une nouvelle fois, avant de passer la porte. La chambre était assez petite, assez simple. Un lit était posé le long du mur de droite. A gauche, un bureau semblait soutenir la fenêtre. Pour finir, il y avait une petite bibliothèque. Alban soupira. Il y était. Il était arrivé. Il allait s'installer, il allait connaître une nouvelle vie, sans plus personne pour le protéger du monde extérieur. Oui, il y était. Voilà sa nouvelle chambre, sa nouvelle maison. Le jeune homme était tout juste arrivé, mais il craignait déjà que ses années en ce lieu ne se passent pas aussi bien qu'il aurait pu le souhaiter.

Alban jeta son sac sur le lit et s'assit au pied de ce dernier. S'assurant que son nouveau colocataire ne l'avait pas vu, il sortit l'enveloppe contenant la drogue. Il en déposa un peu dans sa main, sur un plat, puis inspira profondément. La poudre blanche parvint très vite dans le sang du jeune homme. L'effet fut immédiat. Alban se sentit... ailleurs. Il prit son lecteur mp3, enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et alluma l'appareil. Le son se déversa dans son esprit, au maximum du volume. Enfin, Alban ouvrit la fenêtre en grand et alluma une cigarette, dont il inspira la fumée, l'air ailleurs.

Tout était oublié. Alban était bien. L'on pouvait entendre des murmures de la musique, tant le son était puissant, pour peu que l'on ne se trouve pas trop loin. Et la fumée de cigarette ne demeurait pas entièrement hors du bâtiment.

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» arrivée (on commence à poster^^)
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